Premières Lignes #8

Le fracas de la viande chaude

de Maxime Chattam

Déjà le sixième billet pour ce nouveau rendez-vous hebdomadaire, initié par Aurélia du blog Ma Lecturothèque : les premières lignes d’un livre que j’ai lu et apprécié, chroniqué ou pas.
Si vous souhaitez participer aussi, n’hésitez pas à mettre un commentaire avec le lien de votre article pour que je puisse vous ajouter à la liste. 😉

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«L’empreinte sanglante d’un pied nu ; la suivre au long d’une rue.
Au long d’une ville.
Au long d’une vie.
Jusqu’à moi.

Je suis un homme prudent. Méticuleux, pourrait-on dire. Je ne laisse rien au hasard. C’est ce que je suis, ce que je fais. C’est ma nature et c’est aussi mon job. À se demander s’il s’agit d’une déformation de mon métier ou si ma personnalité, à force, a déteint sur mes habitudes professionnelles. Je ne saurais pas bien dire.
Je suis ce genre de type irritant, qui note chaque détail, qui photographie chaque attitude, pour dresser des constats, établir mes conclusions.
Mon cerveau est une sorte de disque dur relié à plusieurs écrans. Et pendant que je conduis, ce matin-là, je me repasse la scène de crime sur l’un des moniteurs de contrôle interne, je revois tout, la concentration me fait accentuer les contrastes, abandonner la colorimétrie, ce sont presque des images en noir et blanc désormais. Je n’ai pas le son. Trop absorbé par ce que je vois, il ne m’intéresse pas. Je fais totalement abstraction de l’environnement, il n’y a rien d’autre que l’arrière du hangar.
Un vaste bâtiment en briques rouges, toit de tôle et blocs de climatisation occultant une de ses façades sans fenêtre. Un peu à l’écart de la ville, dans une zone industrielle, pleine d’entrepôts. Des rails surgissent d’un petit bois, de l’herbe entre les traverses : par là arrivent les convois pleins de futures victimes, toutes serrées les unes contre les autres.
Je les imagine sortir, très tôt le matin, juste avant l’aurore, agglutinées pour repousser le froid, de la fumée se dégageant de leurs corps moites, de leurs narines, formant un brouillard qui confine encore un peu plus cet endroit de mort.
Elles débarquent par centaines, grimpent dans le long bâtiment et commencent alors la destruction de masse alimentaire.
Elles font la queue dans un corridor métallique jusqu’aux aiguilles qui leur grillent la cervelle en un instant.Toute leur masse s’effondre. Le fracas de cette viande encore chaude , où le sang ne circule plus, doit être phénoménal.»

Résumé:

L’Empreinte sanglante d’un pied nu, la suivre au long d’une rue…

L’auteur s’est amusé à suivre les règles d’un petit jeu d’écriture : donner corps à une idée en devenir depuis presque un siècle et demi, posée par Nathaniel Hawthorne – l’un des pères de la littérature américaine, dans un texte au nombre de signes limité. 

Les blogueurs et blogueuses qui y participent aussi :

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• Light & Smell
• Les livres de Rose
• Lady Butterfly & Co
• Le monde enchanté de mes lectures
• Cœur d’encre
• Les tribulations de Coco
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• Pousse de ginkgo
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• Prête-moi ta plume
• Tales of Something
• Ju lit les mots
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5 réflexions sur “Premières Lignes #8

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